La fissure

Il n’a jamais voulu être un héros. Pourtant, la vie en a décidé autrement.
Au travers de longues pérégrinations, Ahmed, timide et réservé, traverse la vie en toute discrétion. Jusqu’au jour où il ne peut échapper à son destin.

 

Extrait :

Réunions caféinées

 

La vie au bureau peut sembler monotone pour certains, une succession incessante de courriels, de réunions et de pauses café. Pas pour moi ! Parce que j’avais mon petit secret : le mystère de la salle de réunion 403.

La rumeur disait que la 403 était hantée. Pas par Casper ou un autre gentil fantôme, mais par une machine à café avec une personnalité bien trempée. À 14h32, tous les jours, sans faute, elle se mettait en marche toute seule pour préparer un café des plus corsés. Comme une horloge suisse, ou plutôt, comme une machine à café possédée.

 

Ni une ni deux, je me transformais en Sherlock Holmes des temps modernes, prêt à résoudre le mystère de la machine à café solitaire. Mon arme ? Un carnet de notes. Mes alliés ? Du sucre et un peu de lait.

 

Le complot impromptu

 

Des jours et des nuits à guetter le moindre mouvement de la machine, et pourtant, elle réussissait toujours à me surprendre. Elle s’allumait, préparait son breuvage et s’éteignait, tout cela dans un ballet parfaitement orchestré. Et toujours pas de fantôme à l’horizon.

 

Poussé par ma curiosité (et mon amour incommensurable pour le café), je décidais d’intensifier mes recherches. Collègues, archives, expert en café, tout y passait. Mais le mystère restait entier, aussi épais qu’un double espresso.

 

C’est alors que je réalisais que je n’étais plus seul dans cette aventure. Mes collègues, intrigués et amusés par mes récits de machine à café capricieuse, se joignaient à la fête. La salle 403 devenait notre repaire secret, notre club du rire.

 

L’illumination stimulante

 

Un beau jour, alors que nous étions tous entassés dans la 403 à attendre le show quotidien, l’un d’entre nous eut une illumination.

« Et si c’était pas un bug, mais une feature ? Et si la machine voulait nous apprendre la vie, à sa façon ? » lançait-il, l’œil pétillant.

Nous étions sceptiques. « Apprendre quoi ? À faire le café ? »

« Non, mais vous voyez pas ? Chaque jour, à la même heure, elle nous rassemble. On discute, on rigole, on échange. On a créé une communauté, grâce à une machine à café. »

 

Il avait mis le doigt sur quelque chose. Sans nous en rendre compte, on avait tissé des liens, créé des amitiés solides et renforcé notre esprit d’équipe. Tout ça autour d’une machine à café récalcitrante.

 

La 403, version 2.0

 

Le mystère de la salle 403 ? Jamais résolu. Et quelque part, c’est tant mieux. Cette machine à café avait réussi à nous enseigner une leçon bien plus précieuse que la clé de l’énigme.

Dans ce monde professionnel souvent trop sérieux, elle nous avait rappelé l’importance de la détente, de l’amitié et du rire. Elle nous avait montré que les meilleures idées, les amitiés les plus solides, naissent souvent dans les moments les plus inattendus, autour d’une bonne tasse de café.

 

Quant à moi, j’avais appris que parfois, il faut savoir lâcher prise, accepter de ne pas tout comprendre et surtout, profiter de chaque moment. Et peut-être, juste peut-être, prendre le temps de déguster un bon café, même si c’est à 14h32, dans la salle 403.

 

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Meet The Author

"Dans l’ombre, je sculpte les mots, Pour donner vie à votre imagination, Pour transmettre vos mémoires, Votre vérité."

Je n’ai jamais demandé à être là. Et me voilà à faire une guerre qui ne m’appartient pas. À tuer des gens que je ne connais pas. 

Immigré, j’avais toujours eu le sentiment d’appartenir à un autre monde, une autre culture. Mes racines étaient ailleurs. D’ailleurs, les couleurs de l’appartement dans lequel nous vivions lorsque j’étais enfant, me rappelaient ma terre de soleil. 

Jaune, violet, rouge carmin. Même le plafond de ma chambre était dans des tons orangés. Je m’endormais tous les soirs dans un désert chaud, accompagné par des Touaregs et des chameaux. 

Je rêvais à des aventures extraordinaires. 

Étonnamment, je n’en étais jamais le héros. J’étais le complice discret, le compagnon de l’ombre, mais sans qui rien n’était possible. 

J’ai joué ce rôle toute ma vie. Dans l’ombre. 

Jusqu’à ce jour.