Biography

Une chaise sur la lune

Toute jeune, Magdalena était persuadée qu’elle allait accomplir quelque chose de grand. Cette pensée ne l’a jamais quittée.

Fidèle à elle-même, elle passa sa vie entière à rechercher ce plus grand, cet immense, cet absolu.

Dans ce récit, elle nous raconte comment elle l’a atteint. À sa grande surprise.

 

Extrait :

Déjà, enfant, elle cherchait. Elle ne savait pas ce qu’elle cherchait, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher.

Son frère lui disait souvent “à force de chercher, tu vas finir par te perdre ».

Elle avait l’habitude de sortir du lit avant l’aube et de marcher jusqu’à la rivière. La terre crissait sous ses pieds nus et l’air frais et pur la réveillait et la remplissait de l’attente de quelque chose de grand.

Elle ne savait pas ce qu’était ce “quelque chose”, elle savait juste que c’était important.

Son frère appelait ces errances une sorte d’auto-illusion. Il disait qu’elle était toujours à la recherche d’une aventure, ou d’une révélation qui n’allait jamais se produire. 

« C’est normal de s’interroger », lui a-t-il dit un jour. « C’est normal d’être curieuse des choses. Mais lorsque tu commences à croire que tu vas réellement trouver quelque chose, tu commences à te mentir à toi-même. Et si c’est le cas, il vaut mieux que tu arrêtes de chercher ».

 

Elle avait cinq ans quand elle est entrée dans la rivière.

Dans l’eau profonde, les pierres ressemblaient à des mains fraîches et qui ne lâchaient pas prise. Elle plissa les yeux sous le soleil et suivit un petit ruisseau qui fusionnait avec un plus grand à ses pieds. Le courant tirait sur ses jambes.

L’eau devenait plus profonde.

Les pierres l’appelaient.

Elle s’était dite : « Si je m’évanouis ici, personne ne me trouvera jamais », persuadée qu’il en serait mieux ainsi.

Elle a fait un pas dans l’eau, l’a sentie couvrir sa tête, puis son corps s’est détendu.

 

Subitement, un garçon a sauté après elle. Il l’a attrapée par les bras et l’a tirée vers le rivage. 

Elle l’a regardé avec étonnement.

Aveuglé par la fin

Une revanche n’est pas si facile à prendre et Louis l’apprendra à ses dépens.

Si son ascension dans le monde professionnel fut aisée, les autres pans de sa vie furent plus complexes à résoudre. 

Surtout quand une inconnue surprise s’invite à la fête…

 

Extrait :

Je me réveille lentement.

 

Un téléphone sonne dans l’obscurité. Une sonnerie métallique, peu familière. Je cherche à tâtons la lampe de chevet et l’allume. En plissant mes yeux, je devine une chambre à coucher luxueuse de la Renaissance avec des meubles Louis XVI, des murs peints à la chaux et un colossal lit à baldaquin en acajou.

 

Mais où suis-je donc ?

 

Le peignoir en jacquard accroché à la colonne de son lit porte le monogramme : HÔTEL RITZ PARIS.

 

Lentement, le brouillard commence à se lever.

 

Le téléphone continue de couiner ses cris stridents. Je décroche le combiné.

« Allô ? »

Une voix masculine me répond d’une manière indolente :

« Mais où étais-tu ? Tout le monde t’attend. La Mercedes est en bas ».

Il raccroche.

 

Ce n’est qu’à ce moment-là que je réalise que mes articulations me font mal. Je me sens lourd et badaud.

Je me lève et, tout en rassemblant mes pensées, je m’approche du miroir.

Je suis stupéfait. Non pas parce que je découvre que je suis dégoûtant comme un cadavre abandonné, mais parce que je me reconnais.

Je vois le reflet de la personne que j’étais autrefois, un homme classe qui a toujours su faire les bons choix.

Cet homme, c’était moi. Jusqu’à hier.

 

L’homme qui passe ses journées dans un taudis et la nuit seul dans son lit.

L’homme qui se bat de toutes ses forces pour survivre.

L’homme qui frappe pour se protéger.

Je suis né dans ce monde sans cuillère en argent dans la bouche.

Mes parents étaient pauvres et sans statut social.

Ils n’avaient ni pouvoir ni influence.

Régulièrement humiliés, ils ne se sont pas fait un seul ami.

Ils ont vécu toute leur vie comme des parias de la société.

J’ai vécu une enfance douloureuse où l’on me méprisait.

Finalement, je ne l’ai plus supporté.

J’ai pensé que si j’avais de l’argent et du pouvoir, je pourrais redevenir humain.

J’ai rejoint une entreprise.

C’était une grande société multinationale. J’ai commencé comme employé de bas niveau, et à la fin, je suis devenu membre du conseil d’administration.

 

Je me frotte les yeux et commence à arpenter les couloirs de l’hôtel en essayant de me rappeler comment je suis arrivé ici. En sortant de la chambre, une femme de chambre que je ne connais pas m’indique la réception.

« Pardonnez-moi, monsieur, mais Mademoiselle est au téléphone ».