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Portrait écrire 36

Une plume, un papier et l’infini des possibles
Temps de lecture estimé : 6 minutes, un voyage à peine plus long qu’une promenade au creux des pages d’un carnet.

Prendre la plume, est-ce un acte anodin ou un rituel chargé de signification ?

Tu songes souvent à ces pages blanches, véritables horizons inexplorés de ton esprit, qui ne demandent qu’à être foulées par les empreintes indélébiles de tes mots. Pourtant, cette quête initiatique où l’on s’efforce de traduire des pensées, des émotions, des sagesses, semble parfois insurmontable.

Sommes-nous condamnés à errer dans le labyrinthe de la procrastination ou existe-t-il un fil d’Ariane pour nous guider ?

La simplicité, voilà un mot qui parait détonner dans nos mémoires encombrées d’intentions et d’idéaux. La simplicité se rit bien de la complexité, de l’inutile encombrement des mots superflus. Au cœur de ce dédale, trois pas suffisent à nous mener jusqu’à la source, trois étapes primordiales pour délier la complexité emmêlée de notre processus créatif.

N’est-ce pas là le secret des grands maîtres, de ces forgerons de pensées qui ont appris à modeler la matière brute des idées pour en extraire l’essentiel ?

Descarte a émis l’idée que la division d’une tâche difficile en parties plus petites est la clé pour l’aborder et la compréhension. Cette méthode s’applique aussi à l’écriture. Le génie réside dans la faculté à isoler l’accessoire de l’indispensable.

Épure de la Pensée

L’écriture débute là où le chaos des idées appelle à la clarté. La première phase essentielle pour l’artisan des mots est le déploiement de sa pensée dans son état le plus pur : l’introspection. Observer ses idées comme on admirerait les constellations, pour en distinguer les dessins, les contours, les liaisons. Ce cheminement introspectif, souvent solitaire, t’invite à sonder les abysses de ton propre esprit, à en défricher les terres sauvages.

Ciselage de l’Expression

Après la révélation intérieure vient la transmutation des pensées en mots. Que serait une idée sans les mots adéquats pour lui donner forme, vie, couleur ? Le ciselage de l’expression ne souffre d’aucun hasard. Chaque terme est trié sur le volet, chaque phrase est jaugée à l’aune de sa pertinence et de sa clarté. L’écrivain tisse la toile de son récit avec la minutie de l’araignée, galvanisant la trame de son texte pour y capturer la quintessence de l’idée.

Harmonie du Rythme

Le rythme, ultime palier de l’écriture, est cet imperceptible battement qui donne souffle au texte. Il n’est de bonne prose qui ne swingue au son de sa propre musique. La cadence n’est pas seulement affaire de sonorité, elle confère au texte son dynamisme, son mouvement, orchestrant la progression des idées, modelant les émotions du lecteur au gré des montées et descentes harmoniques.

Accéder à la Quintessence

Pourrions-nous, à l’image de Kafka ou de Camus, convoquer à travers nos textes l’esprit de notre temps, saisir la densité de l’existence ? Ces auteurs maîtrisent l’art de l’ellipse, du non-dit, et c’est précisément dans cette économie de mots que réside le génie. La quintessence s’atteint par une ascèse du verbe où chaque mot pèse, compte et résonne, où la simplicité devient vectrice d’émotions profondes et d’idées lumineuses.

Réflexions en Marge

Donner vie à un texte, faire surgir des silhouettes de caractères, des paysages d’adverbes et des architectures de métaphores, c’est là l’exercice auquel tu te livres, écrivain. Dans cette entreprise, le modèle de simplicité décortiqué se révèle être un guide précieux. Tout comme un peintre ne se détourne pas de sa toile, ni un musicien de son instrument, l’écrivain ne s’éloigne jamais vraiment de sa quête de sens et de beauté.

L’Économie des Mots et la Prospérité des Idées

Pour résumer notre voyage à travers l’épure du processus d’écriture :
• L’introspection prélude à la création, comme la genèse précède l’univers.
• La précision et le choix judicieux des mots forgent l’âme du texte.
• Le rythme insuffle la vie au récit, il le gouverne avec la subtilité d’un maestro.
• L’ascèse du verbe, dans la concision, magnifie chaque mot pour une portée évocatrice accrue.

Comment cultives-tu la patience et la rigueur qui président à cet art de l’épure ?

C’est peut-être dans ce questionnement constant que s’ancre la véritable essence de l’écrivain.